Le tapis de chœur de Notre-Dame au Mobilier national
Le jeudi 2 mai 2024, le Mobilier national nous a accueillis pour une conférence donnée par Antonin Macé de Lépinay, inspecteur des collections et responsable des tapis anciens, qui portait sur le tapis monumental du chœur de la cathédrale Notre-Dame de Paris, tissé entre 1825 et 1833. L’œuvre, qui a survécu à l’incendie, a été confiée au Mobilier national pour sa restauration.
Le tapis de chœur de Notre-Dame de Paris – dont seule la moitié supérieure est exposée actuellement – est exceptionnel à plus d’un titre. Par ses dimensions (près de trente mètres), son iconographie religieuse et sa destination (une église), il s’agit d’un unicum dans la production de la manufacture de la Savonnerie. Commandé par Charles X dès 1825, le dessin en est confié à Jacques-Louis de La Hamayde de Saint-Ange, dessinateur du Garde-meuble de la Couronne. Celui-ci imagine une composition ressemblant à un vitrail gothique contenant une grande croix dans sa partie supérieure et une chasse reliquaire dans sa partie inférieure, le tout parsemé de symboles chrétiens et monarchiques.
Transposé en grand par le peintre cartonnier Charles-Adrien Devertu, le tissage en est rapidement lancé à la Savonnerie, alors encore située au pied de la colline de Chaillot. Mais le déménagement de la manufacture aux Gobelins en 1826 et le changement de régime provoqué par la Révolution de 1830 retardent son achèvement et ce n’est qu’en 1833 que la rentraiture des quatre parties deux à deux peut avoir lieu. Présenté pour la première fois au public lors de l’exposition des produits des Manufactures royales de 1838 dans la galerie d’Apollon au Louvre, il n’est finalement offert à la cathédrale qu’en 1841 par le roi Louis-Philippe.
Utilisé pour les célébrations les plus importantes et pour quelques évènements marquants, comme le mariage de Napoléon III et baptême du prince impérial en 1853 et 1856, la visite du tsar Nicolas II en 1896 ou la venue du pape Jean-Paul II en 1980, le tapis conserve une fraîcheur tout à fait exceptionnelle. Son poids important (près d’une tonne) rend néanmoins sa manipulation risquée, causant des cassures et des déchirures, et son stockage à l’abri des regards dans un bas-côté de la cathédrale permet aux mites de s’y installer à plusieurs reprises.
Suite de l’incendie de 2019, la DRAC Île-de-France a confié sa restauration à l’atelier de rentraiture du Mobilier national. Après un dépoussiérage, une étude préalable menée conjointement avec le laboratoire de recherche des Monuments historiques et un nettoyage, celle-ci a pu démarrer, pour la partie supérieure, à l’été 2022. Elle s’est achevée fin 2023 pour laisser la place à la partie inférieure du tapis, actuellement en cours. Cette restauration consiste principalement en la réparation des cassures, déchirures et dégâts causés par les mites et en la mise en place d’un galon pour protéger la lisière originale du tapis
La conférence était suivie de la visite de l’exposition du Mobilier national sur « Les grands décors restaurés de Notre-Dame » sous la conduite de Caroline Piel, inspectrice des patrimoines, collège Monuments historiques. Ce qui a permis d’admirer notamment deux œuvres prêtées par la Société des Amis de Notre-Dame pour l’exposition.