« Notre-Dame : les décors retrouvés de Viollet-le-Duc »
Le 12 mars 2025, Marie-Hélène Didier, conservateur général du patrimoine, et Marie Parant, restauratrice de peintures, ont donné une conférence sur les décors retrouvés de Viollet-le-Duc.
La conférence a eu lieu à Notre-Dame.
La restauration intérieure de la cathédrale Notre-Dame de Paris nous permet de redécouvrir le décor imaginé par Eugène Viollet-le-Duc lors de ses travaux dès 1845. Il met en pratique ses théories connues par quelques écrits : l’article « Peinture » du tome 7 de son « Dictionnaire raisonné de l’architecture » de près de cinquante pages insistant sur le rôle de la peinture ornementale et les cernes noires de chaque couleur, le livre intitulé « Peintures murales des chapelles de Notre-Dame de Paris : estampes exécutées sur les cartons de E. Viollet-le-Duc relevées par Maurice Ouradou », en 1870, développant le rôle de la lumière à travers le vitrail pour la perception réelle des couleurs et enfin le journal des travaux qui nous donne les dates de mise en peinture des chapelles mais sans plus de détails.
En 1864-1865 un nouveau décor a été peint dans l’ensemble des chapelles de la nef, entre 1864 et 1868 dans les chapelles du chœur. Viollet-le-Duc s’insère parfaitement dans son temps et les recherches déjà menées par Jacques Ignace Hittorf et Victor Baltard, et initie son savoir dans les architectures éphémères qu’il crée avant la restauration. Il réalise un programme complet de décor qu’il entame dès 1849 dans la sacristie qu’il construit entièrement.
La restauration de 2019-2024 a été un travail complexe par son ampleur mais se rattache aux procédés classiques de ce type d’intervention. La première opération est le constat d’état des différentes altérations, perte de matière provoquée par des fuites anciennes ou la mise en place clous, empoussièrement, déplacage de la couche picturale ou de l’enduit.
Il était indispensable de refixer ces deux derniers à l’aide de seringue et de petits étais avant toute intervention de dépoussiérage au pinceau et à l’aspirateur afin de stabiliser la matière. Les enduits trop altérés ont été purgés car irrécupérable.
Le nettoyage a été le plus spectaculaire, redécouvrant des couleurs vives, variées et contrastées, le plus souvent en bon état. Grand soin avait été apporté à l’origine sur la préparation des murs. Les lacunes ont ensuite été comblées de manière illusionniste afin de rétablir toute la lisibilité du décor en rétablissant dans ces manques, les couleurs d’origine à l’aide de glacis superposés. La dorure a été reprise et complétée si nécessaire.
La structure peinte de chaque chapelle repose sur une répartition quasi identique des décors mais chaque motif est différent, soulignant chaque élément de l’architecture. Les peintures figuratives ornent les côtés est de chaque chapelle et de grandes compositions se déploient dans les chapelle de la partie tournante.
La restauration des décors de la cathédrale Notre-Dame de Paris ouvre un champ de recherches
inexploitées et nous espérons qu’un jour nous pourrons reconstituer virtuellement l’ambiance
colorée de toute la cathédrale.