Auguste Bellu, constructeur de la flèche de Notre-Dame

Résumé de la conférence de Jean-Michel LENIAUD à l’Institut d’art et d’archéologie le 17 septembre 2020

Portrait d’Auguste Bellu

Auguste Bellu compte au nombre de ceux qui ont fait passer le grand artisanat compagnonnique au monde  de l’industrie. Né en 1796 dans une famille de menuisiers ébénistes, il épouse en 1821 Alexandrine Louise Simon, la fille du célèbre fabricant de papiers peints. Dans l’intervalle, son père s’est tourné du côté du métier de charpentier. Cette année-là, il travaille sous la direction de l’architecte François Debret sur le chantier de l’académie royale de musique, rue Le Peletier. Il travaille à la même date, sous la direction du même, sur le chantier de la basilique de Saint-Denis et le côtoie à la loge du Point parfait.

En 1843, il forme avec un architecte également charpentier, Victor Daunay (1813-1893 [ ?]), la société Bellu et Daunay. Ce dernier va épouser Alexandrine, la fille de son associé et en aura un fils, prénommé Gaston. Gaston Daunay (1849-1911) poursuivra des études d’architecture mais n’exercera pas.

La société Bellu-Daunay travaille au début des années 1840 à la reconstruction de l’Opéra-comique  sous la direction de Louis Charles Théodore Charpentier et s’oriente vers la restauration d’édifices médiévaux sous la direction de Jean-Baptiste Lassus (Sainte-Chapelle, Notre-Dame en Vaux) puis de Viollet-le-Duc (Pierrefonds, Notre-Dame de Paris et de Boeswillwald (cathédrale de d’Orléans).  Le Pr François Loyer lui attribue aussi la flèche du Mont-Michel : cet édifice n’ayant pas été classé parmi les monuments historiques avant 1862, date de la disparition de Bellu,  et la flèche datant de 1898, cette attribution ne peut qu’être le fait d’une documentation erronée.

Flèche de la Sainte-Chapelle

À l’instigation d’un compagnon exceptionnel, Henri Georges (1812-1887), dit Georges Angevin ou encore « L’Enfant du génie », l’entreprise se spéciale dans les structures complexes : flèche de la Sainte Chapelle, échafaudage de la tour Saint-Jacques.

Restauration de la Tour Saint-Jacques

En 1859, elle érige la flèche de Notre-Dame, délibérément plus ambitieuse que la flèche originelle. À la même date, le préfet Haussmann lui confie le marché d’entreprise générale pour la construction des théâtres du Chatelet et de la Ville : il l’avait remarquée à l’occasion du déplacement de la fontaine de la place éponyme, opération complexe qui fut exécutée en un temps record.

En 1862, Auguste Bellu décède. Daunay se retire et Georges achève les chantiers. La suite est moins connue. L’entreprise disparaît-elle ? Est-elle reprise ? Elle se reconvertit probablement dans la charpente métallique, technique qu’elle maîtrisait déjà. En 1887, date du décès d’Henri Georges, commence la construction de la tour Eiffel.