De la Révolution industrielle à l’archéologie médiévale : les cathédrales de France dans la première moitié du XIXe siècle
Conférence de Jean-Michel Leniaud du 20 avril 2018
L’unité de gestion qui affecte les cathédrales en application du dispositif concordataire (1801-1802) débouche sur l’unification des méthodes de restauration dont bénéficie au cours des décennies suivantes un ensemble de constructions auquel un millénaire d’administration par diocèse avait donné un visage passablement disparate. La première moitié du XIXesiècle se clôt avec la mainmise de Viollet-le-Duc, de ses doctrines et de ses disciples, sur la plupart des grandes constructions conçues en gothique septentrional. Avant que ne triomphent le principe du retour à l’état d’origine et le projet de ressusciter des techniques disparues dans le domaine du bâtiment et des métiers d’art, d’autres voies sont explorées à la faveur de la Révolution industrielle qui offre des moyens sans commune mesure avec ceux du passé. À Rouen, Jean-Antoine Alavoine couvre l’édifice de cuivre ; à Séez, le même utilise la fonte à la place de la pierre ; à Saint-Denis, François Debret conçoit une toiture en fer et fonte et utilise aussi le cuivre pour le couvrement. Les chaux artificielles et les mastics sont à l’honneur ; les arts du feu, et donc le vitrail, bénéficient des découvertes des chimistes. Désormais, le passé s’inscrit dans une continuité optimiste, celle du progrès. Vers 1850, le mouvement s’inverse, au profit du projet de réinventer les techniques dites traditionnelles, le vitrail, la ferronnerie, l’orfèvrerie etc. Désormais, les travaux des années 1830 sont condamnés : ils vont faire l’objet d’une laborieuse et opiniâtre destruction dont les effets culminent autour des années 1950.
Bibliographie sélective du conférencier :
Les Cathédrales au XIXesiècle, Paris, Economica, 1992
De Napoléon à la République, la basilique royale de Saint-Denis, Picard, 2012